Le réseau des écoles - Institut de Psychothérapie et d'Enseignement en Sophrologie
Bonjour Sandra Arnaud-Gardair, vous êtes la directrice de l’Institut de Psychothérapie et d’Enseignement en Sophrologie de LYON – l’IPEES, l’une des écoles membre de la SFS.
J’ai le plaisir de vous rencontrer aujourd’hui pour vous permettre de présenter votre école et sa vision à nos adhérents.
Pouvez-vous nous parler des origines de cette école ?
Très volontiers Judith, merci.
Il se trouve que j’ai rencontré en 2000 le docteur Marcel, sophrologue et médecin, qui dirigeait à l’époque le Centre Lyonnais de Sophrologie depuis 20 ans, dans la lignée de Jacques Donnars et de Jean-Pierre Hubert.
Je me suis moi-même formée à cette école et j’ai commencé à recevoir des patients au Centre Lyonnais de Sophrologie.
Lorsque le docteur Marcel a pris sa retraite, il m’a proposé de reprendre son école, en lui attribuant toutefois un nouveau nom. Ce que j’ai très volontiers accepté !
Et qu’est-ce qui vous a motivé tout particulièrement dans ce projet ?
J’ai tout d’abord été flattée de cette proposition et ai mis un point d’honneur à être à la hauteur de ce qui m’était proposé. Ceci, en transmettant l’esprit de l’enseignement que j’avais reçu, et du Docteur Marcel et d’autres intervenants comme Bernard ETCHELECOU (1) et Jean FEIJOO (2) ! L’orientation sophrologique et pédagogique de cette école entrait en adéquation avec ma propre conception de ce métier.
Petit à petit, le cursus de formation s’est teinté de ma personnalité et de ma vision de sophrologue.
Pouvez-vous nous partager cette vision ?
Volontiers, mon orientation est résolument d’ordre psychologique au sens où, au sein de l’IPEES, nous prenons en considération la psyché de l’Autre dans le travail d’accompagnement par la sophrologie.
Cette façon d’accompagner implique un nécessaire travail d’introspection.
Nous constatons régulièrement que les élèves ayant préalablement réalisé ce genre de travail sont, de loin, ceux qui sont le mieux ajustés à la demande du patient.
Leur écoute est fine et active, ils savent poser des questions pertinentes et tombent moins que d’autres dans le piège des projections pouvant être adressées au patient.
Au final, il résulte dans leur pratique des séances de sophrologie ciselées, adaptées « sur mesure », donc efficaces.
La pratique de la sophrologie permet, comme le disait Caycedo, de « renforcer les attitudes et valeurs positives », et aussi, à mon sens, d’offrir un soin, une guidance dans l’optique de soulager certains maux, physiques ou psychiques.
Ce caractère thérapeutique implique de comprendre ce que nous ressentons et transférons sur l’Autre et inversement.
Vous dites effectivement à vos élèves que vous n’allez pas leur « apprendre à faire de la sophrologie mais à être sophrologue »
Exactement ! Il s’agit d’observer ce qui se passe en soi pour bien accompagner l’Autre, dans le respect de la relation et de la compréhension de ses enjeux. Cela doit se traduire dans la posture professionnelle du sophrologue et enrichir sa pratique tout au long de son exercice.
La dimension introspective est fortement mise en avant au sein de l’école !
Comment cette exigence est-elle prise en compte au plan pédagogique pour pouvoir être transmise ?
La formation à l’IPEES est d’une durée de 2 ans à travers 325 heures d’enseignement théorique et pratique.
Elle s’articule en 12 modules à thème.
Outre les fondamentaux (définitions et vocabulaire, historique et présentation de la méthode), l’abord de la conscience et la physiologie de la respiration, la formation inclut un cursus en psychopathologie d’une durée de 4 jours.
Ce module permet d’aborder les processus conscients et inconscients de la psyché, la compréhension des mécanismes de défenses et leurs manifestations au quotidien, d’étudier les différences entre névrose, psychose, perversions….
Nous abordons également les troubles du comportement et les jeux psychologiques interindividuels.
Quelles sont les autres thématiques et comment sont-elles articulées ?
Nous abordons l’apport de la sophrologie dans la gestion du stress, l’accompagnement des enfants, la maternité, la parentalité et la préparation à l’accouchement, la douleur, les compétitions sportives etc.
Le thème de l’accompagnement au deuil est aussi largement étudié, de même que la sophrologie appliquée au monde de l’entreprise.
Nous proposons aussi un travail sur l’image de soi, animé par Pascal Blanchard, psychanalyste, sophrologue et artiste. Ce séminaire conclut la formation et conjugue l’outil photographie à la sophrologie.
Pendant 2 jours, les élèves cheminent à la rencontre de Soi et de l’image qu’ils renvoient.
Qu’en est-il de l’apprentissage de la posture de sophrologue ?
Nous y consacrons plusieurs modules : sur les techniques de communication tout d’abord (communication responsable et non violente, techniques d’entretien et de reformulation), puis sur la posture du thérapeute dans la pratique sophrologique ensuite.
Une journée, animée par Laetitia LOFFREDA, psychologue clinicienne, est spécifiquement consacrée à analyser les enjeux de la posture thérapeutique, du transfert et du contre transfert.
Conjugué à votre formation en psychopathologie, c’est effectivement très cohérent pour transmettre vos valeurs et insuffler votre vision !
Pouvez-vous nous parler de votre équipe pédagogique et de vos méthodes ?
L’équipe pédagogique est composée de 7 personnes.
Chacun, par son histoire et sa pratique, contribue à enrichir et transmettre cette vision à nos apprenants.
La pratique est au centre de notre pédagogie. Ainsi, entre chaque séminaire, chaque apprenant doit réaliser une étude de cas réel avec anamnèse et pratique enregistrée.
Nous leur demandons ensuite de s’auto-administrer les pratiques enregistrées pour intégrer véritablement la méthode.
Nous demandons aussi à chacun de nos élèves de vivre un minimum de 10 séances individuelles chez le, la ou les sophrologues de son choix.
Si l’on évoque l’analyse du lien à l’Autre et à soi, on parle aussi de supervisions. Qu’en est-il au sein de votre école ?
La formation IPEES implique effectivement un véritable travail sur soi et cela passe par la supervision de son activité. C’est une question d’honnêteté vis-à-vis du patient.
Nous proposons des supervisions individuelles qui permettent au praticien de repérer les difficultés rencontrées au sein de sa pratique et ce à quoi elles font écho en lui.
Le travail de réflexivité et de mise en mots des ressentis permet l’amélioration aussi bien de la pratique que de l’engagement du praticien.
Nous proposons également des intervisions collectives orientées sur l’analyse des pratiques.
Sandra merci pour cet éclairage enrichissant qui permettra à nos lecteurs de bien comprendre les spécificités et les orientations de votre école.
Vous le savez sans doute, mes interviews des directeurs d’écoles se terminent immanquablement par un mot de la fin dans lequel je vous demande votre vision de la sophrologie. Sandra, quel est le vôtre ?
La sophrologie est illimitée. Elle est ce qui initie et installe la quiétude à l’intérieur de soi.
Elle rassemble nos diversités dans une unité et, tel un kaléidoscope, fait rayonner chacune de nos facettes tout à la fois ensemble et l’une après l’autre.
La sophrologie concourt à harmoniser les différences tout en conservant leur unicité.
Interview réalisée par Judith Dumas
Pour découvrir l’IPEES : www.sophrologie-formation-ipees.com/
(1) Bernard Etchelecou, Psychologue clinicien, psychothérapeute, sophrologue, formateur en sophrologie et consultant à l’Institut européen de sophrologie du travail.
(2) Jean Feijoo, Médecin, chercheur et sophrologue, spécialiste de l’analgésie autogénérée