Le réseau des écoles - Centre de Formation des Sophrologues Professionnels
Richard ESPOSITO bonjour, vous êtes le directeur du centre de formation des sophrologues professionnels, le CFSP, basé en Normandie à Saint-Contest (près de Caen) et Rouen et votre école a rejoint le réseau des écoles membres de la SFS.
Nous sommes heureux de vous y accueillir et vous souhaitons la bienvenue.
Pouvez-vous nous parler de la naissance de cette école ?
Très volontiers, Judith, je suis heureux de permettre à vos lecteurs de mieux nous connaitre et aux futurs sophrologues de comprendre notre spécificité !
Le CFSP a vu le jour en 2010 et a été cofondé par Bernard SANTERRE et moi-même.
À l’origine de ce projet, il y a ma rencontre avec Bernard, qui remontait à plus de 20 ans.
À l’époque je terminais mes études en philosophie et psychanalyse, dans le cadre d’un double cursus.
Bernard et moi avions été présentés l’un à l’autre par un médecin que nous connaissions en commun, et nous avions eu de riches échanges autour de la phénoménologie, Bernard ayant de nombreuses questions sur ce sujet qui me passionnait déjà profondément.
Peu de temps après, Bernard me proposa d’enseigner la phénoménologie dans son école, ce que j’acceptais.
En somme, votre rencontre avec la sophrologie est donc une affaire d’amitié ?
Oui mais pas que !
Bernard et moi sommes effectivement devenus amis et, mes études achevées, je me suis formé à la sophrologie.
Puis, à plusieurs, en équipe, nous avons travaillé à rendre les pratiques sophrologiques les plus phénoménologiques possible.
Nous avons également décidé de créer une école commune.
Tandis que ce projet voyait le jour, Bernard était malheureusement progressivement porté vers la maladie. Son état déclina rapidement et il décéda à l’issue de la première année de la première promotion.
Après réflexion, je décidais de poursuivre l’œuvre dans le respect de nos valeurs communes, avec une orientation résolument phénoménologique.
Comment s’organise l’enseignement au sein du CFSP ?
L’équipe pédagogique compte 15 formateurs qui interviennent selon leur domaine de compétence en première, deuxième ou troisième année.
Le cycle de base s’effectue sur 2 ans et compte 440 heures, hors stage et rapport de stage, auquel s’ajoute un suivi pédagogique collectif ou individuel selon les demandes des personnes.
Et la phénoménologie est inscrite au cœur de votre approche pédagogique, je suppose ?
Oui effectivement !
La spécificité de l’école est d’avoir inscrit l’approche phénoménologique si j’ose dire « de bout en bout » dans la formation.
Elle est notamment enseignée à chaque futur sophrologue dans l’acquisition de sa posture professionnelle.
Si la notion de phénoménologie est connue de chaque sophrologue, il me parait néanmoins nécessaire de vous demander de nous donner votre propre définition de cette notion « d’approche phénoménologique » qui fait votre spécificité.
Oui volontiers Judith.
L’approche phénoménologique est une posture que le sophrologue incarne dans sa manière de pratiquer et dans le choix du logos, le moins inductif possible.
Elle s’appuie sur une capacité d’écoute et de communication permettant d’adapter les pratiques à la demande de la personne.
Cette demande est sans cesse renouvelée, en fonction des prises de conscience du sophronisant et dans le respect de son évolution.
La phénoménologie est pour moi une façon d’être à l’écoute de la personne humaine, pour arriver à voir avec elle ce qui va bien et le renforcer.
Il s’agit d’accompagner le sophronisant à mobiliser le positif au plan de ses ressources et capacités puis de transférer ces potentialités à d’autres champs d’action pour lui permettre de progresser et de gagner en confiance.
La phénoménologie est au cœur même de la sophrologie et constitue la spécificité de la méthode. C’est une attitude qui implique pour le sophrologue de se mettre soi-même entre parenthèses tout en étant très présent.
Comment, concrètement, intégrez-vous cette approche dans votre enseignement ?
Dans le cursus il y a un module en langage et communication enseigné surtout pendant la première année et consolidé la deuxième année.
Dans ce cours, on interpelle le sophrologue sur sa façon de parler, les intonations et inflexions de la voix et surtout le choix de ses mots, afin d’en mesurer l’impact au plan sémantique, culturel et psychique.
L’objectif est d’être profondément en conscience avec les mots employés et leur impact sur le sophronisant.
Il y a là une visée éthique il me semble ?
Oui effectivement car nous, sophrologues, sommes des accompagnants.
Cet accompagnement (que je préfère au mot aide) implique une distance, ni trop près ni trop loin.
Cette distance est nécessaire au respect de l’autre, de ce qu’il vit, comprend et intègre, à son propre rythme.
Cette distance favorise l’autonomisation progressive de la personne humaine à travers une collaboration et garantit une communication authentique et bilatérale.
En somme, pour vous comme pour Jean-Pierre Hubert d’ailleurs, l’alliance est un terme d’arrivée ?
Oui. Au départ, il y a nécessairement transfert et seule la posture du sophrologue (et son nécessaire travail sur lui, aussi) permet d’instaurer les conditions propres à l’alliance qui est un aboutissement, donc un terme d’arrivée plutôt que de démarrage.
Y a-t-il d’autres spécificités à votre école ? Je crois que vous êtes très attaché au suivi de vos élèves ?
Oui. Nous sommes très attentifs à garantir notre présence aux élèves, pendant et après leur formation dans l’exercice même de leur métier.
Nous répondons à leurs besoins par-delà la supervision.
Votre école propose aussi un 3° cycle. Quel est son contenu ?
La troisième année amorce des éléments des RD 5 à 12. Elle est aussi une année de spécialisation par l’application de la sophrologie à différents domaines dont les acouphènes, la créativité, le sport, le cancer, la maladie de parkinson notamment…
Richard, pourquoi rejoindre le réseau des écoles membres de la SFS ?
Je me sens personnellement proche de certaines personnes présentes au conseil d’administration de la SFS, des personnes très compétentes avec lesquelles je travaille de longue date pour des projets de publication et c’est donc tout naturellement et en confiance que je vous rejoins.
Je fourmille également d’idées et de projets à proposer, en recherche comme en publication pour promouvoir le métier de sophrologue et assurer sa pérennité, et j’ai à cœur de les partager pour les faire vivre ensemble.
J’aime le croisement des regards et des compétences qui permet d’éviter l’assimilation. J’aime aussi m’autoriser à avoir une approche critique et un partage de réflexion.
Ces valeurs, je sais pouvoir les retrouver au sein de la SFS dans un moment où, plus que jamais, la défense d’une certaine vision de la profession devient indispensable.
Richard, vous le savez sans doute, l’interview des écoles se termine toujours par le mot de la fin. Il consiste à nous donner, en quelques mots, votre vision toute personnelle de la sophrologie.
Eh bien… ce serait ma reconnaissance pour la sophrologie !
De par sa richesse, elle est un complément à mes premières amours, à savoir la philosophie et la psychanalyse, sachant que la phénoménologie, issue de la philosophie, est au fondement même de la sophrologie.
La sophrologie offre d’être en contact avec soi-même sans qu’il nous soit imposé un quelconque concept, dans le respect de notre liberté à être et à devenir.
Richard, merci pour cet entretien que j’ai hâte de faire découvrir à nos lecteurs, et Bienvenue à la SFS !
Interview réalisée par Judith Dumas
Pour découvrir le Centre de Formation des Sophrologues Professionnels : www.cfsp-formation-sophrologue.com