Journée Professionnelle 2020
La surcharge mentale
Les difficultés scolaires
Si les difficultés scolaires par nature font partie du parcours scolaire, on ne peut parler de difficultés et donc de charge mentale que si elles perdurent au-delà de quelques mois ou d’une année, et qu’elles viennent pénaliser le rapport aux apprentissages, et entamer la confiance en soi de l’enfant et sa motivation.
Après avoir échangé sur la notion de charge mentale : multiples informations, contraintes extérieures, attentes des enseignants ou parents, situation de harcèlement…. La discussion a permis de dégager les points suivants :
1) Les principales difficultés rencontrées
– Troubles “DYS”, (6 à 8% de la population) et les troubles de la coordination visio-motrice, Haut Potentiel Intellectuel (HPI) et l’angoisse ou anxiété liée.
– Troubles du déficit de l’attention ou retard du développement cognitif
– Troubles psychologiques légers comme le manque de confiance en soi, qui va entraîner du stress, Ou plus important : anxiété, angoisse pouvant aller jusqu’au “refus scolaire anxieux” (phobies scolaires).
2) L’accueil en cabinet par le sophrologue d’un enfant ou d’un adolescent en difficulté scolaire.
D’une façon générale
La discussion a permis de dégager les règles essentielles à respecter et les écueils à éviter lorsqu’on accompagne un enfant ou un adolescent en difficulté.
D’une part, respecter s’agissant de mineurs les règles juridiques en vigueur (accord des deux parents si séparation, signalement des suspicions de violences…)
D’autre part ne pas oublier, face à des comportements difficiles, de possibles troubles somatiques, d’où l’importance du travail en réseau, quand un médecin ou un psychologue voit également le jeune en difficulté.
Tous les Sophrologues présents rappellent l’importance de la parole même de l’enfant ou de l’adolescent après avoir entendu la demande faite par le ou les parents.
Ce qui implique :
- de recueillir son adhésion
- d’identifier sa propre perception de la difficulté pour laquelle il est amené à voir un sophrologue (différent parfois de celle des parents ou de l’enseignant), et de prendre en compte sa propre vision du monde dans lequel il évolue
- de respecter le cadre familial dans lequel l’enfant ou l’adolescent évolue
Les techniques sophrologiques utilisées sont multiples, et nécessitent adaptation et créativité de la part du sophrologue qui proposent :
Respirations, visualisations, relaxations dynamiques adaptée, jeux et contes sophrologiques en fonction des centres d’intérêt de l’enfant en tenant compte de la propre créativité du jeune consultant, dessins si le sophrologue en a la compétence, jeux de rôle etc….
La question du refus scolaire anxieux ou phobie scolaire est souvent délicate à traiter par le sophrologue seul, car elle peut camoufler une (autre) pathologie ou une difficulté réelle de l’environnement où évolue le jeune, mais si le diagnostic d’anxiété est posé la sophrologie dans une approche “recouvrante” soit aborder le retour au milieu scolaire progressivement les techniques respiratoires d’apaisement de l’angoisse et la visualisation (SAP) peuvent préparer à la réinsertion scolaire.
Il existe des Groupes de Prévention du Décrochage Scolaire (GPDS) le sophrologue peut faire partie de l’équipe pluridisciplinaire, mais c’est loin d’être le cas partout.
3) L’accompagnement des groupes en milieu scolaire
Dans le cadre de l’Éducation Nationale de nombreux ateliers sont proposés
- Soit par un enseignant lui-même formé à la sophrologie
- Soit par un sophrologue extérieur à la demande de la structure (collège ou lycée)
Le groupe constate qu’il est difficile, dans l’Éducation Nationale, d’allier la réponse collective demandée par l’administration et le « sur-mesure » parfois nécessaire, pour une classe ou certains des enfants.
Que toutefois le fait de faire de la sophrologie dans chaque classe crée un dénominateur dynamique commun entre les élèves, différent des références habituelles telle que marques vestimentaires et autres.
On constate un apaisement et une meilleure concentration.
La difficulté dans ce cadre est le financement de l’atelier proposé, c’est pourquoi ce sont surtout des enseignants formés à la sophrologie qui peuvent les proposer dans le cadre de leurs horaires.
Dans l’enseignement privé, le financement est plus simple, et de ce fait des ateliers de sophrologie ont pu être réalisés.
C’est ainsi qu’une belle expérience de pratiques de sophrologie a été faite auprès de jeunes souffrant de handicap par une enseignante sophrologue qui a proposé par exemple les exercices suivants :
– Pour débuter un cours, un petit temps de sophrologie en position RD2
- Puis s’étirer, bailler, respirations ventrales
- Ancrages, postures du corps, visualisations
- Collaboration des élèves par le transfert de compétences : chacun peut regarder ce que l’un sait faire par rapport à un autre qui ne sait pas et s’apprendre mutuellement.
Le groupe s’accorde sur le fait qu’il s’agit pour le sophrologue de s’adapter à son public et de permettre à chaque élève de s’approprier quelques exercices de concentration, gestion du stress, de l’angoisse et amélioration de la mémoire.
Ces exercices sont à adapter en fonction de l’âge : les petits, l’âge moyen, les pré-adolescents, les adolescents (et, dans cette catégorie, les tranches d’âges sont « des mondes » différents de l’une à l’autre).
4) La Posture du sophrologue
S’agissant de consultation à la demande d’un tiers parent ou structure scolaire la réflexion du groupe a permis de dégager les questionnements suivants :
- Faut-il voir et accompagner le jeune enfant, seul ou avec ses parents ?
- La demande de la structure et celle des parents n’est pas toujours celle des ou de l’enfant que faire ?
Il ressort de la discussion que :
- Il est nécessaire d’être attentif au conflit de loyauté éventuel dans lequel l’enfant peut se retrouver entre les demandes des parents, le projet éducatif et les propositions du sophrologue
- Il convient de toujours poser le cadre du travail en présence de l’enfant et du ou des parents en précisant le devoir de confidentialité
- Il est intéressant de constater que de nombreux enseignants, directeurs d’école ou responsables de crèche, se forment à la sophrologie, sont convaincus de son utilité et de son efficacité et l’utilisent dans leurs classes
- Le sophrologue qui intervient doit pouvoir permettre aux enfants ou jeunes qui consultent de se réapproprier les techniques expérimentées et s’en servir “en situation”
- Le sophrologue doit pouvoir orienter si besoin, et donc apprécier la difficulté vécue par l’enfant ou l’adolescent vers des médecins ou psychiatres ou des structures spécialisées ce qui implique de se documenter sur les possibilités régionales et travailler en réseau.
Par exemple pour les décrochages scolaires il existe dans certaines régions des Groupes de Prévention du Décrochage Scolaire (GPDS) des associations pour ado en errance ou en difficulté etc…
Synthèse de la table-ronde
Animatrice: Claude Chatillon
Rapporteur: Jean-François Fortuna
Synthèse: Jean-Pascal Cabrera
Résumé
3 raisons majeures qui contribuent aux difficultés scolaires que l’on déplore aujourd’hui:
1) À la maison : le désengagement parental (travail des deux parents, parents occupés sur tablettes et smartphones, parents séparés, familles recomposées)
2) À l’école : les bouleversements scolaires (absence de classes de niveau entraînant un nivellement par le bas, insuffisance des formations initiales des enseignants, le développement du numérique et l’école à deux vitesses, la juxtaposition de fréquentes réformes sans concertation)
3) Dans la société : ravages des addictions aux jeux vidéo, réseaux sociaux, idéal fantasmé du moi…)
Bibliographie
Enfants et adolescents en mutation, Jean-Paul Gaillard, ESF 2018
La fabrique du crétin digital, Michel Desmurget, Seuil ed. 2018
Cerveau et silence, Michel Le Van Quyen, Flamarion 2019
Pour vivre heureux vivons égaux, Picket/Wilkinson, LLL ed. 2019