Caroline ROME, le sommeil retrouvé

Bien souvent je me dis que le métier de sophrologue est passionnant. Et parfois, je me dis qu’il est difficile.

Difficile parce qu’il n’est pas du tout évident de devenir un·e bon·ne sophrologue, c’est-à-dire cette personne à qui on a transmis des techniques (et un art de vivre ces techniques), qui à son tour, les transmets à d’autres personnes, sans se sentir dotée d’un quelconque pouvoir ou d’une forme de supériorité. Les sophrologues pour moi sont de modestes « ouvreurs de chemins ».

Difficile, parce que gagner correctement sa vie prend des années et qu’il est parfois héroïque de ne rien lâcher, de tenir debout, de ne pas se sentir en échec.

L’un des éléments fondateurs dans mon parcours de sophrologue, ce sont mes pairs. Si je n’avais eu autour de moi en cercle de protection, une ribambelle de sophrologues aguerris, brillants, drôles, inventifs, généreux en toute chose, (offrir des savoirs et savoir en recevoir), curieuses et curieux de tout, à l’écoute des autres, dans un esprit de partage ; si je n’avais eu autour de moi en cercle d’inspiration, des sophrologues qui lèvent haut l’étendard d’une sophrologie exigeante, solide, et questionnante… eh bien, en toute franchise, je pense que j’aurais lâché l’affaire depuis longtemps. Cette famille élargie de sophrologues, m’aide à me tenir verticale dans mon métier.

Je suis ici pour parler du dernier livre de Caroline Rome, je ne l’ai pas oublié mais j’avais envie pour commencer ce papier, de poser l’une de mes réalités objectives : l’admiration que j’ai pour nombre de mes pairs, le soutien qui existe entre nous, cette manière d’avancer ensemble, sont pour moi une ressource quotidienne que je cultive. Et Caroline Rome, dès notre première rencontre il y a des années, lors d’une journée professionnelle organisée par la Société Française de Sophrologie, je l’ai vue et ressentie comme une consœur de cœur.

Alors, Caroline, on ne la présente presque plus parce qu’elle est l’une de nos spécialistes du sommeil. Conférencière dans de nombreux congrès, écrivaine (vous trouvez ses livres sur le net), formatrice dans les plus sérieuses écoles autour de la problématique du sommeil ; elle donne des consultations dans son cabinet à Paris, ainsi qu’en milieu hospitalier, auprès du PR Damien Léger responsable du Centre du Sommeil et de la vigilance à l’hôtel-Dieu, Paris. C’est d’ailleurs ce dernier qui a écrit la préface du livre.
Le Sommeil retrouvé est à son image : simple (mais pas simpliste), pragmatique, direct, et efficace. On y trouve bien entendu des techniques sophro, (toutes les pratiques sont développées en annexe), mais je dirais que cela ne constitue pas l’aspect le plus appétant pour les sophrologues aguerri·es, puisque nous connaissons à peu près toutes les techniques proposées, même si nous les proposons sans doute à notre manière singulière… Les sophrologues débutant·es y trouveront en revanche de très nombreux appuis.

Elle emploie un ton inhabituel qui me plait vraiment car elle s’adresse aux lectrices et aux lecteurs avec une belle franchise, et souvent de la drôlerie. Le goût que le livre me laisse est celui d’une conversation à bâtons rompus avec une spécialiste du sommeil, tel un face à face, une tasse de thé (ou de n’importe quelle boisson réconfortante) à la main. J’ai appris des choses intéressantes comme par exemple, qu’au Moyen-Âge, les rois et les aristocrates dormaient assis préférant éviter la position allongée qui rappelait trop celle d’une dépouille et qu’après la prise de la Bastille, tout le monde s’est mis à redormir ventre à plat comme si la Révolution avait égalisé la position du sommeil : peu importe la classe sociale, tous allongés pour dormir…  Par ailleurs, je me suis replongée dans des informations que j’avais survolées dans d’autres livres sur le même sujet, mais qui probablement à l’époque m’avaient semblé trop théoriques.

En neuf chapitres, Caroline Rome nous donne à explorer (en vrac) l’univers du sommeil, la biologie, les rythmes du corps, le pouvoir du souffle, le stress et ses effets, les bienfaits de la sieste (et les différentes façons de siester), les différentes façons de préparer sa nuit, les bienfaits du sommeil apprivoisé ; comment se réapproprier l’espace du sommeil, etc. etc.

La lecture se fait harmonieusement entre théorie et pratique, conseils, vignettes de consultantes et consultants (avec des témoignages très parlants).

Le sommeil retrouvé est un livre érudit et engagé.

Ce livre est destiné au grand public, je recommande de l’offrir.

Ce livre est destiné également aux sophrologues je recommande de vous l’offrir.

Ed. Solar, 19.90 €

Chronique de Marcella