Le réseau des écoles - CENATHO
Pour cette rentrée, je reçois Catherine JAMET, référente pédagogique du CENATHO pour la formation des sophrologues.
Initialement créé en 1990 par Daniel Kieffer en tant qu’école de naturopathie, CENATHO ouvre dès 1995 une formation qualifiante en sophrologie.
Aujourd’hui dirigé par Aude Véret qui en a pris la direction en 2019, cet institut bénéficie de plus de 32 ans d’expérience dans la formation de professionnels en santé holistique et relation d’aide.
La richesse de cette expérience pédagogique est mise au service d’une approche globale de l’être humain qui colore aussi la transmission d’une sophrologie résolument intégrative.
Catherine Jamet, voulez-vous nous partager votre vision de la sophrologie ?
Avec plaisir Judith et merci pour cette rencontre qui me permet de parler de notre école, de sa pédagogie et des valeurs qui nous animent.
Pour entrer dans le vif du sujet, la formation dispensée en sophrologie par Cenatho vise à permettre aux apprenants sophrologues de disposer des connaissances théoriques nécessaires à une bonne compréhension des besoins et du contexte situationnel des consultants mais aussi et surtout d’intégrer véritablement les outils et pratiques que nous transmettons.
Pouvez-vous nous parler du corpus théorique ?
La formation s’articule autour de 6 unités que sont – la sophrologie fondamentale, – la sophrologie intégrative, – la psychologie comprenant l’étude des personnalités humaines, la psychologie positive et la psychopathologie, – le savoir-faire professionnel, – le développement de l’activité et enfin la sophrologie appliquée.
Qu’en est-il de l’enseignement proposé en psychologie ?
Nous formons aux notions de base en psychologie, psychopathologie et psychologie positive.
Les neurosciences complètent aussi cet apport déjà très riche à travers des cours spécifiques portant notamment sur le fonctionnement du cerveau, la réalité neurobiologique des émotions, l’intelligence émotionnelle, la cognition, l’étude du comportement humain, le fonctionnement du système nerveux central ou encore le développement de la conscience.
C’est effectivement un enseignement riche et qui semble résolument orienter la sophrologie comme pratique en relation d’aide. Est-ce le cas ?
Oui, tout à fait et pour cette raison, nous sommes très attachés à transmettre aussi différents outils permettant un accompagnement sophrologique adapté aux besoins des consultants.
En situation de transition de vie, par exemple ?
Oui, sans être exclusif. Il s’agit de transmettre tout ce qui permettra à nos apprenants sophrologues de comprendre la situation de celui ou celle qu’ils vont accompagner.
Ainsi notre enseignement porte aussi sur les travaux d’Abraham Maslow, de Stanislas Grof (1), d’Élisabeth Kubler-Ross ou encore d’Henri Laborit.
Vous évoquez une sophrologie intégrative. C’est, entre autres choses, évoquer l’intégration de différentes techniques, dont la relaxation aux fondements de la sophrologie. Est-ce le cas ?
Oui tout à fait. Notre transmission intègre différentes techniques dont la relaxation progressive et différentielle de Jacobson et le training de Schultz ainsi que la méditation de pleine conscience, le Yoga Nidra et sa dimension transpersonnelle.
Une sophrologie intégrative est aussi implicitement une sophrologie bien intégrée, au sens d’être vécue par celui ou celle qui la transmet. Qu’en est-il de l’entrainement aux pratiques dans votre école ?
Au plan pédagogique, tous les supports de cours sont accessibles en ligne et réactualisés chaque année. Ils sont ainsi travaillés en amont par nos apprenants sophrologues pour permettre une meilleure compréhension des notions théoriques et favoriser ainsi une vivance propice à l’intégration des pratiques.
Il s’agit presque d’une pédagogie inversée ! Cette approche, en effet, facilite les apprentissages tant aux plans théoriques que pratiques.
Oui, en effet. Notre cursus est très axé sur la pratique des techniques en tant que « sujet sophronisé » tout autant qu’en qualité de sophrologue apprenant.
Des mini groupes sont ainsi constitués pendant toute la durée de la formation pour réaliser des travaux de synthèse, faire des quizz et s’entraîner.
Il y a aussi des « journées cliniques » durant lesquelles on accueille à titre gracieux des clients volontaires qui rencontrent des sophrologues à partir de la deuxième année.
Ces journées sont précieuses pour les préparer à l’anamnèse et à la mise en œuvre des pratiques.
Régulièrement dans le cursus, des journées de révisions pratiques ainsi que des entrainements axés sur des cas de clients tirés des expériences en cabinet sont organisées.
Cela permet de construire un travail en approche projet programme, le but étant d’amener à un début de professionnalisation.
La dimension pédagogique est effectivement très investie ! Quelles modalités avez-vous choisies pour la validation du titre de sophrologue ?
Notre optique vise à l’intégration de la sophrologie par nos apprenants sophrologues, tant par la pratique vis-à-vis de tiers bénéficiaires que par la vivance de la méthode.
Ainsi, pour valider sa formation, chaque apprenant doit :
- Réaliser un stage de 16 heures effectives en présentiel auprès d’un groupe, tutoré par un des formateurs de l’équipe.
- Attester de 20 heures de pratiques pour lui-même, réalisées auprès d’un professionnel de la sophrologie ou d’un autre stagiaire apprenant et dont il témoigne à travers des fiches de vécus personnel.
- Valider le 1er niveau avec un QCM écrit.
- Valider les acquis de la formation, avec en fin de parcours, un QCM écrit portant sur tout le programme, ainsi qu’un examen pratique oral, le tout visant à évaluer tant le savoir, que le savoir-faire et le savoir-être auprès du client.
Enfin la présentation de 4 cas de suivis individuels sur plusieurs séances est également nécessaire pour présenter l’examen.
Il s’entend dans cet échange une valeur forte de transmission, vous me le confirmez ?
Je suis heureuse que cela s’entende. J’ai moi-même eu la chance d’être formée dans plusieurs écoles de sophrologie très différentes et j’ai le sentiment d’avoir bénéficié d’une transmission représentant un véritable patrimoine dont je me sens dépositaire.
J’ai profondément à cœur de transmettre aux jeunes générations une sophrologie dans le respect de ce patrimoine revisité au regard des besoins de la société. Une sophrologie à la fois classique et moderne, utile à tous.
En somme, une sophrologie dans le respect d’un principe d’adaptabilité ?
Rires. Exactement !
Pour transmettre l’expérience de la sophrologie, nous invitons aussi régulièrement des « guest stars » en dehors des cours, en la personne de sophrologues qui exercent et vivent de ce métier.
Idéalement issus du Cenatho, ils répondent aux différentes questions des stagiaires, partagent leur expérience, encouragent, rassurent et stimulent.
Catherine, vous êtes la référente pédagogique pour la formation des sophrologues. Pouvez-vous nous présenter votre équipe ?
L’équipe compte 9 formateurs, tous en exercice en tant que sophrologues, ce qui est très important pour nous.
L’équipe est très stable et les formateurs ont une expérience de la formation en sophrologie depuis en moyenne 30 ans.
Ils sont issus d’école différentes, ce qui est une grande richesse dans l’enseignement.
Dans le respect de nos valeurs partagées, nous voulons établir un lien professionnel fort au sein d’une équipe où chaque avis est important.
Les décisions relatives au contenu de la formation sont donc prises collégialement et mon travail consiste en une coordination qui garantit la cohésion de l’enseignement.
Comme indiqué précédemment, je m’assure aussi que la sophrologie transmise est bien adaptée aux besoins de nos apprenants sophrologues et aux évolutions de la société.
Concrètement, comment cela s’organise-t-il ?
Des réunions pédagogiques ont lieu chaque trimestre rassemblant toute l’équipe.
Des comités pédagogiques constitués de 4 formateurs se réunissent ponctuellement pour mener à bien certaines missions de réflexions approfondies sur des sujets clefs tels que la réforme de l’examen, la structure des cours, le programme par exemple ou autres afin de demeurer toujours adapté aux évolutions de la profession et aux besoins des stagiaires.
Mon travail consiste aussi à mettre en œuvre les décisions prises et à mesurer leur efficacité́.
Combien de sophrologues formez-vous chaque année ?
Cenatho compte environ 2 rentrées par an de promotions de 20 stagiaires
Parlons des lieux. Il me semble que vous êtes installés en plein cœur de Paris ?
Oui, dans le 10e arrondissement, métro Louis Blanc. Les locaux du Cenatho donnent sur un jardin, au calme et le lieu est propice à l’apprentissage.
Il me semble également que vous êtes sensible au bien-être de vos stagiaires ?
Oui, particulièrement. Le cursus de Sophrologie s’inscrit entre tradition et modernité dans une approche holistique mise en œuvre par une valeur de bienveillance.
Cela commence par l’accueil de nos apprenants et l’ergonomie des locaux. Ainsi, du café biologique équitable, des eaux purifiées, des bols d’air Jacquier sont à disposition et permettent aux stagiaires de respirer pleinement, se dynamiser ou se dépolluer.
Des salles de révision sont également mises à disposition sur réservation soir et week-end.
En somme vous faites vivre les valeurs qui vous animent ! Parlez-nous de vos spécialisations.
Les spécialisations proposées par l’école concernent l’accompagnement au deuil par la sophrologie, l’enfance, la petite enfance et l’adolescence, les acouphènes et l’hyperacousie mais aussi la psychogénéalogie, sans oublier les approches polyvagales (2) et l’ASMR (3).
Des spécialisations bien spécifiques qui ne manqueront pas d’intéresser nos lecteurs ! Catherine, merci pour la richesse de notre échange.
Vous le savez sans doute, cette rubrique se termine immanquablement par un mot de la fin (sourire). Quel est le vôtre ?
Nous sommes, je pense, à un tournant de la sophrologie, méthode bien reconnue dans la société aujourd’hui la plupart du temps, mais aussi fragilisée par son succès, ce succès venant parfois de sophrologies diverses et expéditives, ou de « nouvelles thérapies » promettant la guérison en 5 séances et parfois moins !
Il en va de la responsabilité des centres de formation et de leurs équipes de transmettre ce patrimoine solide et fragile à la fois aux jeunes générations de stagiaires, avec toute la qualité, la rigueur et l’ouverture de conscience qui s’imposent, et que la sophrologie mérite, pour en faire les dignes sophrologues de demain.
Interview réalisée par Judith Dumas
Pour découvrir le CENATHO : cenatho.fr/sophrologie
1. NDLR : psychiatre tchèque, pionnier dans la recherche des états modifiés de conscience, il a notamment travaillé sur la respiration holotropique.
2. Technique issue des neurosciences et qui permet la résolution de traumas ou encore l’accompagnement des troubles de l’attachement.
3. Réponse Sensorielle Méridienne Autonome. L’ASMR est une sensation distincte, agréable, au niveau du crâne, du cuir chevelu ou des zones périphériques du corps, en réponse à un stimulus visuel, auditif, olfactif ou cognitif.