1 thème, 6 questions, 3 sophrologues
L’émotion – Christine Varnière
Sans prendre de dictionnaire, dis-nous comment tu définis l’émotion de manière personnelle.
L’émotion pour moi, c’est du mouvement, ce qui nous met en mouvement. Le mouvement vers le bas quand la tristesse nous terrasse, le mouvement vers le haut quand la joie nous emporte, l’accélération des battements de notre cœur, les vibrations des papillons dans le ventre, la colère qui donne envie de tout casser. L’émotion, ça fait bouger, dans la tête et dans le corps.
Comment accueilles-tu les émotions de tes consultantes et consultants lors d’une séance de sophrologie ?
J’essaie toujours de mettre en avant 2 « outils » : l’acceptation et la respiration.
Dans un premier temps accepter ce qui est, reconnaître et/ou prendre conscience que « oui, une émotion est là », qui me dérange, me bouscule, m’angoisse peut-être… Et l’accepter, l’accueillir pour ce qu’elle est : une émotion qui, comme le reste est apparue et disparaîtra, tout ce qui a un début a une fin ; essayer d’y mettre des mots, ou peut-être des couleurs, ou des sons, ou des sensations physiques. Accepter plutôt que repousser ou ignorer.
Et puis ensuite, ou en même temps, revenir à la respiration, respirer avec l’émotion ; observer la respiration, les effets de cette émotion sur la respiration. L’inspir pour accueillir, l’expir pour apaiser.
Quelle technique sophrologique te vient à l’esprit lorsque tu prononces le mot « émotion » ?
Sans hésiter la RD4, debout les bras en V, paumes et visage tournés vers le ciel pour accueillir toute l’énergie de l’univers, sentir dans tout mon être le monde entier qui m’entoure, puis ramener ce cadeau vers mon corps et ma conscience pour les nourrir. Sentir en pleine conscience que je fais partie d’un tout plus grand que moi est une véritable émotion.
Quelle est la partie du corps que tu trouves la plus émouvante et pourquoi ?
Probablement mon ventre, parce que je le sens qui respire, qui bouge, qui s’effraie, qui accueille. Pour moi c’est là que ça s’exprime, que ça somatise, que ça coince, que ça se libère aussi. Bernard Jeanroy, un de mes enseignants, disait souvent « à chaque expir, mets ta tête et ton cœur dans ton ventre ». Mon ventre saura bien quoi en faire.
Raconte une petite histoire vraie sur un moment qui t’a réellement ému·e lors d’une séance de sophrologie (en groupe ou en individuel).
Je me souviens d’une séance en groupe où j’avais animé une marche des 6 pas, les yeux fermés on avance un pied pour faire un pas, puis les yeux entrouverts on ramène le pied arrière à côté de l’autre.
Pendant la phénodescription, une participante a exprimé son incapacité à lever un pied pour l’avancer alors qu’elle avait les yeux fermés. Elle nous disait que même si elle avait conscience qu’il n’y avait absolument aucun danger, cela avait été trop angoissant d’avancer sans voir. Elle avait donc choisi de respecter la consigne des yeux fermés, et avait simplement glissé son pied sur le sol pour faire un pas. Et elle a conclu en disant : « Mais au 6e pas, j’ai réussi ! ». J’en ai eu les larmes aux yeux.
Écris une liste très personnelle qui commence par « je suis ému ou émue par »… ou « ce qui m’émeut c’est » mais commence toujours par les mêmes mots.
Je suis émue par la voix d’Edita Gruberova quand elle chante la Traviata.
Je suis émue quand je pense à ma mère.
Je suis émue quand je vois un homme dans la rue avec un bouquet de fleurs.
Je suis émue devant un tableau de Vermeer.
Je suis émue par le vert tendre des premières feuilles sur les arbres au printemps.
Je suis émue en pensant à moi, enfant.
Je suis émue lorsque je chante sur scène avec mes amis choristes.
Je suis émue quand ma petite-nièce m’accueille en courant vers moi.
Je suis émue en écrivant ces lignes.