Méditation de pleine conscience et Sophrologie
Deux mots qui vont si bien ensemble
Ce samedi 21 décembre est la Journée Internationale de la Méditation.
Mais quels sont ses points communs avec la sophrologie ?
La méditation de pleine conscience et la sophrologie sont deux méthodes qui commencent par le corps. Elles sont curieusement différentes et similaires.
Je suis sophrologue depuis bientôt 10 ans. À titre personnel, j’ai toujours appelé la sophrologie, méthode corporelle-psycho plutôt que psychocorporelle, compte-tenu de son attention première au corps.
L’an dernier, j’ai suivi un Diplôme Universitaire à Paris Sorbonne, intitulé : méditation de pleine conscience, gestion du stress et relation soin, dirigé par la Professeure Corinne Isnard Bagnis, néphrologue.
Tout au long de cette formation passionnante, les liens entre les deux méthodes se construisent de la manière la plus fluide qui soit. J’ai pu mesurer combien elles sont complémentaires, combien elles s’imbriquent l’une dans l’autre pour se nourrir mutuellement.
Aujourd’hui, plus que jamais, elles me sont indispensables dans mon travail.
Quelques mots sur la méditation de pleine conscience. Extraits de la préface de l’indispensable livre de Corinne Isnard Bagnis La pleine conscience au service de la relation soin (éditions Deboeck)
La méditation est une pratique millénaire associée à toutes les traditions spirituelles et religieuses. La méditation de pleine conscience à laquelle nous avons accès aujourd’hui en Occident est issue de la tradition bouddhiste… Elle a fait l’objet d’une évolution importante depuis les années 60 dans sa forme et sur le fond pour que les Occidentaux puissent s’approprier ces pratiques. John Kabat-Zinn a été l’un des acteurs essentiels de sa diffusion en créant un programme structuré de méditation laïque. Il a dédié ses pratiques à la gestion du stress et il a diffusé ses programmes de formation dans le contexte médical hospitalier américain du début des années 70. Ce n’est que récemment que l’on assiste à un développement majeur de l’intérêt pour ces pratiques en Europe. Ce sont les psychiatres et les psychologues qui ont été les premiers à faire entrer ces pratiques dans la clinique médicale en raison de l’intérêt majeur de la méditation de pleine conscience dans la prévention des rechutes dépressives… Au cours de ces dernières années la méditation de pleine conscience a été présentée de plus en plus comme un outil, une technique, permettant d’obtenir des résultats. Cette instrumentalisation des pratiques méditatives reste à l’heure actuelle une des difficultés majeures à contourner ou plus exactement à accueillir, lorsque en tant qu’enseignant, on partage ces pratiques avec des personnes malades ou des soignants ayant un fort niveau d’attente. Si la pratique méditative reste un long chemin et repose sur un travail personnel difficile, ses grands principes fondamentaux tels qu’énoncés par John Kabat-Zinn peuvent paraître finalement assez simples. Cet entraînement du mental mobilise principalement l’attention qu’elle nous propose de se centrer sur les expériences liées à l’instant présent.
- Accueillir l’instant présent (introduire de la distance entre les productions de notre mental et nous-même)
- Cultiver la patience (ne rien attendre et cultiver la patience à loisir)
- L’esprit du débutant (regard neuf porté sur les choses et les événements)
- La confiance (nous avons tous cette compétence, cette capacité à regarder en nous pour mieux ressentir nos expériences sensorielles, émotionnelles)
- Le non-effort ( l’observation de nos expériences n’induit pas d’effort au sens où il n’y aura pas besoin de « faire » quoi que ce soit, mais juste d’accueillir l’expérience telle qu’elle est, ce qui demande constance et engagement).
- Le lâcher-prise (ne pas s’accrocher, ne pas retenir, ne pas refuser et laisser – être)
- L’engagement de l’auto-discipline et l’intentionnalité (s’engager sur le chemin qui va nous mettre face à nous-même nécessite de la volonté. C’est le choix de travailler au plus profond de nous pour laisser le changement se faire et découvrir plus de calme, moins de stress, plus de paix)
On voit là toutes les correspondances entre la sophrologie et la méditation de pleine conscience.
Nous ne présenterons pas notre méthode dans cet article, ce serait redondant… mais faisons ici simplement un bilan des techniques utilisées en séance : la respiration en conscience ; les exercices de tension-détente musculaire ; les techniques de relaxation dynamique, aussi appelées RD (mouvements lents sur rythme respiratoire précis pour une prise de conscience fine du corps); les visualisations, ainsi que des temps de méditation (notamment au niveau de la RD3 et des marches méditatives de la RD4 ).
Et pour conclure, je vous propose trois tableaux que j’ai utilisé dans mon mémoire, pour comprendre les spécificités de chaque méthode et les points communs.
Spécificités de la méditation de pleine conscience
- Plein accueil du présent. Acceptation de son état du moment
- Dans la méditation informelle, pas de voix extérieure
- Respiration libre
- Ancrage dans le présent
- Posture assise ou à travers les gestes du quotidien
- Les méditations sont libres hormis la proposition de posture
Spécificités de la sophrologie
- Après ce plein accueil du présent, propositions ciblées (gérer la douleur, réduire les tensions, mieux dormir, développer ses capacités, prendre la parole en publies, etc)
- La·le sophrologie guide par sa voix. Il est fréquent d’enregistrer la séance afin que la personne puisse s’entrainer
- Un rythme respiratoire précis est toujours proposé (surtout en RD)
- Ancrage dans le présent étroitement relié au passé et au futur (travail tridimensionnel)
- Posture debout (la plus fréquente à travers les techniques de relaxation dynamique) – assise – allongée
- Trois formes de méditations sont proposées: à travers les 5 sens, la marche des 3 ou 6 pas, la marche à l’extérieur
Points communs des deux disciplines
- La méditation de pleine conscience comme la sophrologie s’appuient sur la phénoménologie (E. Husserl): le retour aux choses mêmes et la suspension du jugement. Prendre conscience de notre vie dans sa réalité permet d’aborder les événements douloureux avec davantage de justesse = accueil sans jugement, sans analyse, sans a priori.
- Il s’agit d’une manière d’être au monde qui consiste à observer les choses avec un regard nouveau, à accueillir l’existant, et à avoir une attitude la plus bienveillante possible envers soi-même et les autres.
- Disciplines d’accompagnement à la personne d’approche laïque.
- Le travail se fait sur le corps en même temps que sur l’esprit, indéfectibles l’un de l’autre.
- Le travail est basé sur une attitude de pleine attention, de présence vigilante.
- En individuel ou en collectif, il est intéressant de poser des mots sur les vécus, les ressentis. Une verbalisation qui permet d’intégrer l’expérience.
- Nécessité d’une pratique régulière.
- Faciles à pratiquer par toute catégorie de population ou presque (attention, des réserves dans certaines situations) car à portée de la main, du ventre, du cœur, du souffle.
- Faciles à pratiquer en n’importe quel lieu.
- Permettent de créer un cercle vertueux où la personne se sent plus calme, plus claire dans son esprit, plus en posture d’accueil.
- L’objectif est de rendre la personne autonome car ces deux disciplines peuvent se pratiquer de manière formelle et informelle.
Et si nous nous réunissions pour préparer une journée mondiale de la sophrologie?