1 thème, 6 questions, 3 sophrologues
Transmettre – Vimla Lamara
Le cœur battant de cette rubrique est dans le titre : un thème cher à la philosophie de notre métier est choisi ; 6 questions sont posées en forme de fil conducteur ; 3 sophrologues y répondent + 1 membre du conseil d’administration de la SFS.
Pour ce premier thème de l’année, Marcella a cette fois choisi Transmettre
Vimla LAMARA, sophrologue, consultante en développement relationnel, formatrice, superviseure
Quelle est ta définition tout à fait personnelle de la « transmission » ?
Même si je sais que la transmission est l’action de transmettre et que ces deux mots sont étroitement liés, je note une différence selon le mot employé. Transmettre c’est comme une grande enveloppe avec à l’intérieur des cartons de diverses tailles et formes, des couleurs, des dessins, des lettres et des mots qui se croisent, volent et s’imbriquent. Je tiens cette enveloppe dans une main tendue vers celui ou celle qui souhaite acquérir la « connaissance », alors on peut jouer ensemble et créer un langage, le langage de la transmission. La transmission devient un fil qui relie les êtres à travers les générations et s’enrichit au fil du temps, un élément clé de l’espace de rencontre.
Qu’est-ce qui t’as été transmis personnellement et qui a plus ou moins changé le cours de ton existence ?
Beaucoup d’enseignements ! La première image qui me vient représente toujours un visage, une expression, un personnage qui a su être à mes côtés pour me guider vers une fenêtre invisible à mes yeux. Comme la révélation que je peux changer le cours de mon existence si je sais où, et comment regarder.
Au début de ma carrière, j’ai participé à une formation dont je ne me souviens plus du thème aujourd’hui, mais la formatrice a secoué fortement mes croyances et semé le doute moi. Elle détenait cette enveloppe imaginaire où je pouvais piocher des cartes, des images, des lettres, des mots pour me permettre construire. Elle m’a fait prendre confiance en mes capacités pour être capable de choisir. Par la suite, dans ma première année de formation à l’école de sophrologie, j’ai eu l’honneur d’être élève du Dr Miche Guerry*. Le premier jour de la formation, je suis rentrée chez moi le soir avec un trésor : la phénoménologie. Quelle révélation !
*Ecole Supérieure de Sophrologie de Nice, première école de sophrologie reconnue par l’Education Nationale comme « Etablissement d’Enseignement Supérieur Privé ». En 1995, Michel Guerry devient le premier Président du Syndicat National des Sophrologues ; il publie de nombreux articles de fond portant sur les bases phénoménologiques, la méthode, l’épistémologie.
Transmettre oui mais transmettre quoi ? Qu’as-tu personnellement envie de transmettre dans ta pratique de sophrologue et dans ta vie en général ?
Ma vie en général est ma pratique de sophrologue. J’ai envie de transmettre cette grande enveloppe qui ne tarit jamais, dans laquelle chacun peut trouver une réponse qu’il aura construit et qui lui appartient. J’écris j’ai envie mais je transmets déjà chaque jour mon savoir auprès des personnes que je forme, de l’espace pour s’épanouir. J’aime être agitateur à mon tour de leurs croyances. Lorsque je transmets, je suis curieuse de voir la transformation opérer, un peu comme la graine que l’on plante, et un beau matin la fleur apparaît.
Si la transmission était symbolisée par un objet lequel choisirais-tu et pourquoi.
Une grande enveloppe avec une petite graine dedans. L’enveloppe car elle renferme toujours un message, attire la curiosité, nous fait vibrer, c’est l’inconnu, mais dedans il y a une histoire de vie. La graine car selon le soin qu’on lui donne, elle va se déployer, embellir, s’ériger et faire corps avec l’espace tout en restant ancrée.
Quel mouvement sophro proposerais-tu pour symboliser le verbe « transmettre » ?
La posture du 4e degré : l’équilibre, l’ouverture, l’absence de jugement et d’a priori, l’accueil des valeurs, des phénomènes. Posture en relation avec l’univers.
Je (te) transmets tu (leur) transmets elles-ils (leur) transmettent…
Construis un texte court en utilisant le verbe « transmettre » au temps de conjugaison de ton choix en y accolant un nom ou des noms. Laisse-toi aller à la liberté de la créativité.
Juan l’attend les pieds bien ancrés dans le sol, le torse droit, il sourit. Elle termine de lacer ses sandales et le rejoint en glissant ses pas avec légèreté sur le parquet. Elle pose le bras gauche sur son épaule, il enlace sa taille, leurs mains se rejoignent. Leurs regards s’aimantent, leurs corps à face dessinent au rythme de la musique envoutante, un espace de rencontre, une conversation silencieuse… Ils se transmettent, dans la fluidité de leurs déplacements, la passion de leur art, le temps d’un tango.